PRÉSENTATION DE LUCHINO VISCONTI

Par Freddy Buache


Luchino Visconti en 1965.

Ce texte est extrait de l'ouvrage très complet : "Le cinéma italien (1945-1979)" écrit par Freddy Buache, fondateur de la Cinémathèque Suisse, et édité par L'âge d'homme. Un chapitre entier est consacré à Visconti et constitue une des meilleures présentation de son oeuvre. Voici le texte d'ouverture de ce chapitre, qui présente le réalisateur. La dernière édition de cet ouvrage de référence sur l'histoire du cinéma italien est "Le cinéma italien (1945-1990)".

" Visconti est mort le 17 mars 1976 à son domicile romain. Né le 2 Novembre1906, à Milan, le comte Don Luchino Visconti de Modrone commença des études de violoncelle. Mal à l'aise face au monde et face l'art, il songea sérieusement à se retirer dans la non-participation en se consacrant à l'élevage des chevaux. Mais au cours d'un séjour en France à l'époque du Front populaire (il devient l'assistant de Renoir et dessine les costumes d'Une partie  de campagne), il remet en question cette attitude et prend la décision de s'engager dans le combat social, dans le théâtre et le cinéma, tout en conservant une totale autonomie de pensée, car s'il accepte de servir une cause, il n'accepte pas de se laisser menotter par les dogmes politiques, moralisateurs et artistiques. Devenu le "Comte rouge", esthète et marxisant, il refusa toujours, à l'instar d'un Thomas Mann, qu'une coupure intervienne entre la création et la société qui la nourrit, qui s'en nourrit. Ainsi, attira-t-il sur lui beaucoup de haines. Désireuses de l'étiqueter, les gauches et les droites manifestèrent à son égard, au gré des circonstances, une identique incompréhension: ses films furent, en général, poursuivis par les censures ou considérés comme de somptueux spectacles un peu désuets qu'un aristocrate se donnait à lui-même, en guise de délectation. Or son œuvre, qui présente une souveraine unité plastique, est sous-tendue par une méditation, sans cesse reprise, relative à l'homme. Non point l'homme abstrait des idéalistes, mais le citoyen saisi par un moment de l'Histoire, constitué par elle et sommé de se dépasser en elle pour la faire sienne. Visconti, superbement, illustra le formidable roman d'une société qui agonise, qui s'appuie sur d'anciennes valeurs chancelantes et tente avec désespoir d'en imaginer de nouvelles (thème central explicité par Le Guépard). Il a mis en évidence la certitude que les bouleversements exigés par une révolution ne possèdent pas leurs justifications uniquement dans un futur désaliéné (ou souhaité tel) mais que le coeur et la beauté vivent aussi d'un fonds de civilisation, que le mélodrame et la tragédie se répondent et que, de la solitude à la fraternité, la connaissance et le passé, comme les divers sentiments contradictoires sur lesquels se bâtit notre destin sont, qu'on le veuille ou non, les racines de notre liberté."

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