Ces textes sont extraits de la neuvième édition de l'ouvrage "Histoire du cinéma mondiale" par Georges Sadoul (édition 1972). Ils sont extraits du chapitre XVIII : Néo-réalisme italien et films français (1945-1960), section ITALIE. Je n'ai conservé que les passages concernant Luchino Visconti.

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    Parallèlement aux tendances, calligraphe et documentaire, se développa le courant baptisé en 1942 Néo-réalisme par Umberto Barbaro. Ses théories avaient été élaborées par les collaborateurs antifascistes de la revue Cinéma. Giuseppe De Santis, le plus combatif de ces critiques revendiquait, en liaison clandestine avec la résistance, la création d'un cinéma italien  réaliste, populaire, national.
    Luchino Visconti eut De Santis pour assistant dans Ossessione, inspiré librement par Le facteur sonne toujours deux fois de James Cain - la censure lui ayant interdit d'adapter le grand romancier vériste Verga. Visconti avait été formé par Jean Renoir. Dans Ossessione, chemises noires et téléphones blancs furent chassés des écrans par la réalité de l'Italie, ses rues, ses foules populaires, ses fêtes, ses drames, sa vie quotidienne. Un nouveau style apparaissait, qui reprenait mais dépassait les réussites françaises d'avant-guerre. Fondée sur un suspens criminel, l'action ne comportait pas d'incidences sociales directes, mais son non-conformiste lui valut d'être interdit après quelques représentations. Ce qui n'empêcha pas le premier chef-d'oeuvre néo-réaliste d'avoir une influence déterminante sur le cinéma italien.
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    Le troisième "grand" du néo-réalisme (1), Luchino Visconti, revient au cinéma pour entreprendre avec La terre tremble une trilogie consacrée à la Sicile. Il ne put réaliser que L'Épisode de la mer présenté dans des versions émasculées (en France surtout). Une famille de pêcheurs tentait d'échapper à l'emprise des mareyeurs, et perdait dans cette tentative sa maison et sa barque ; la vie les dispersait, mais un des fils prenait conscience de vérités essentielles. Dans le dénuement quasi africain de la Sicile, Visconti fit évoluer des acteurs pris dans la vie avec un merveilleux sens plastique: tels les nobles mouvements d'une jeune femme vaquant à d'humbles besognes dans l'espace d'un étroit logement.
    Sans pouvoir achever sa trilogie, Visconti se consacra pour quelque temps au théâtre. Mais ils avaient été mauvais prophètes ceux qui avaient prédit la fin du néoréalisme sitôt que serait épuisé l'intérêt public pour la résistance et la guerre. L'élan populaire continua de porter en avant l'école italienne, dont la richesse fut foisonnante.
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    Visconti revint au cinéma avec Senso. Inspiré de l'écrivain Boïto, cette tragique histoire d'amour au temps du Risorgimento fut un hommage aux peintres Macchiaioli (tachistes) de 1860 et à la musique de Giuseppe Verdi. Les duos de la mort et de l'amour, de la passion et de la trahison, furent portés à leur paroxysme dans une sorte d'opéra rattaché au néo-réalisme par sa contemporanéité. Après ses discutables Nuits Blanches Visconti devait atteindre un nouveau sommet avec Rocco et ses frères (1960) tragédie néo-réaliste. Il donna ensuite son très riche Guépard et Sandra, sorte de nouvelle Électre.
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Pour reprendre sa croissance, l'arbre néo-réaliste dut étendre ses branches dans de multiples directions , en diversifiant ses genres et ses styles. L'école prouva sa vitalité en 1959-1960 par les succès de Visconti, Fellini, Rossellini, Antonioni. D'autres part, plusieurs nouveaux talents (Zurlini, Francesco Rosi, Ermanno Olmi, V.De Seta, Elio Pietri etc...) constituèrent une "nouvelle vague" néo-réaliste."

(1) : Les deux autres sont Roberto Rossellini (Rome ville ouverte et Paisa) et Vittorio De Sica (Le voleur de Bicyclette).

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