1974: Conversation piece (Gruppo di famiglia in un interno. Violence et passion.)


Lietta (Claudia Marsani) et le professeur (Burt Lancaster)
"Mais que faisiez-vous quand vous étiez jeune? Ce que nous faisons, nous, maintenant?"


Ce recueil de textes est extrait du Dossier de presse de la filmographie viscontienne, paru dans la revue Cinéma 76, numéro 211.

"    Ce que je cherche à dire c'est que si un homme âgé essaie de se rapprocher de jeunes gens comme si ils étaient ses enfants, cela ne peut pas fonctionner parce qu'ils ne se comprendront jamais. A un moment donné Lietta, l'adolescente, demande au professeur: "Mais que faisiez-vous quand vous étiez jeune? Ce que nous faisons, nous, maintenant?" et il répond: "Surtout pas! J'ai étudié, j'ai voyagé, je me suis marié et mon mariage a été un échec. Soudain j'ai ouvert les yeux et je me suis trouvé au milieu d'un monde dont je n'arrive même pas à comprendre la signification."

Luchino Visconti

    Si ce dernier film de Visconti nous touche - quoi que nous puissions continuer à penser de l'incohérence du discours politique plaqué - c'est qu'un art, celui du cinéma, mené à un de ses degrés extrêmes d'aboutissement ne peut nous laisser indifférent, c'est aussi que, presque indépendamment de ce qui est dit dans le dialogue, ou inventé dans l'anecdote, la représentation d'un monde précis, du drame d'une génération, d'un homme, l'auteur lui-même, atteint à une vérité totale. Dans cette mesure, et dans cette mesure seulement, Violence et Passion fonctionne comme un passionnant témoignage socio-politique, comme l'un des derniers feux d'un monde et d'un art en train de mourir.

(Mireille Amiel. Cinéma 75 n°197)

     Violence et passion est apparemment un film d'angoisse. Il est sûrement le film où Visconti comprend et assume le mieux son rôle d'intellectuel avec son importance et ses limites. Le discours politique n'est pas "plaqué" mais constitue la matière principale du film.
(Dominique Païni. Cinéma 75 n°199)

     Pourquoi surtout ce portrait abruptement simplifié de la jeunesse, fût-elle dorée, nourrie et fascinante? Portrait de la jeunesse vue par un homme de soixante ans: vulgarité, grossièreté, cynisme, partouze et drogue.
(Henri Behar. La Revue du cinéma n°296)

     Film testament? Sa richesse est si foisonnante qu'on devine Visconti, comme sous le coup d'une urgence secrète, pressé de tout dire sur tout ce qui lui a tenu et lui tient encore à cœur: l'art, la politique, l'amour, la solitude, la mort et l'oubli.
(Jean-Louis Bory. Le Nouvel Observateur. 17 mars 1975)

     Violence et passion est un film trop riche et trop subtil pour être ramené à des significations simplistes et univoques.
(Pierre Billard. Le Journal du Dimanche. 23 mars 1975)

 

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