L'acteur Joseph Kainz (Folker Bonhet) donne une représentation
privée pour Louis (Helmut Berger) au château de Linderhof.
Ce recueil de textes est extrait du Dossier de presse de la filmographie viscontienne, paru dans la revue Cinéma 76, numéro 211. Ces articles ont été fait avant 1978, c'est-à-dire en se basant sur la version courte du film, sortie sans l'accord de Visconti.
" Le Crépuscule des Dieux est une uvre infiniment secrète, souterraine, où les cris de douleur sont d'autant plus déchirants qu'ils sont étouffés sous l'or et la pourpre. Il est donc possible que l'on n'entende pas ces cris-là dès la première vision. Par contre il est impossible que l'on ne soit pas frappé d'emblée par l'extraordinaire singularité de sa lumière.
Si on remarque quelque effet de montage
particulièrement saisissant, il n'en demeure pas moins qu'on ressent
un espèce d'affaiblissement dramatique par rapport à des
uvres dont la tension (Rocco et ses frères comme
Senso)
et l'unité (le Guépard) demeurent sans failles.
De plus en plus tourné vers le
passé, Visconti s'enferme hors du réel, dans un univers conservateur
dont il ne veut plus voir que les tares pathologiques ou physiologiques...
Mort
à Venise pouvait encore faire illusion. Mais
le Crépuscule
des Dieux, sans tonnerre ni éclairs, où Wagner n'est
présent que dans son aspect le plus doucereux, témoigne à
l'envi du crépuscule d'un cinéaste qui fut celui d'Ossessione,
de la Terre tremble et semble aujourd'hui incapable de peindre
autre chose que des mini-civilisations en train de se détruire.
On ne peut s'empêcher de recevoir
Ludwig
comme un message alourdi d'une solennité particulière. S'y
déploie la fascination d'un luxe que les travellings caressent.
Le goût, le sens du faste se fortifient de la conviction, vivace
chez Visconti, que l'art s'applique à magnifier par la beauté
les objets et les lieux, seuls souvenirs, seuls "monuments" des grands
moments de l'histoire, fêtes ou tragédies. Car le reste est
périssable.
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