1971: Death in Venice (Mort à Venise)


Esmeralda (Carole André), la jeune prostituée, et Aschenbach (Dirk Bogarde)


Ce recueil de textes est extrait du Dossier de presse de la filmographie viscontienne, paru dans la revue Cinéma 76, numéro 211.

" On m'a souvent traité de décadent. J'ai de la décadence une opinion très favorable, comme l'avait par exemple Thomas Mann. Je suis imbu de cette décadence. Mann est un décadent de culture germanique, moi de culture italienne. Ce qui m'a toujours intéressé c'est l'examen d'une société malade."

Luchino Visconti


    Ce n'est pas que les derniers films de Visconti, comme les derniers ouvrages de l'Aschenbach de Mann soient de mauvaise qualité: les belles séquences y sont nombreuses et le réalisateur montre ici aussi sa maîtrise pour traduire en langage visuel et sonore l'atmosphère, les milieux, les paysages, les physionomies; mais son style, exactement comme celui d'Aschenbach du roman de Mann, fuyant désormais les "hardiesses spontanées", les "nouveautés subtiles des nuances", se transforme "en quelque chose de nettement conforme à la tradition", devient "conservateur, formel et franchement sentencieux".

(Guide Aristarco. Cinéma 71 n°159)


    Dérision de la vie, de la création, beauté inaccessible, le film de Visconti a des accents désespérés masqués par cet extraordinaire décor 1900, par les toilettes féminines, le mouvement incessant des personnages qui font contraste avec les rues désertes, noires, de Venise, où se consument des feux, où ruisselle le lait de chaux.

(Jacqueline Lajeunesse. La Saison 1971)


    Selon son habitude légendaire, Visconti a apporté à la reconstitution d'époque un soin qui confine à la manie; entièrement tourné à Venise, le film paraît avoir été réalisé en 1911, année ou se situe le roman de Mann.

(Max Teissier. Cinéma 71 n°157)


    Si, plastiquement, Mort à Venise égale sans les surpasser Senso et Le Guépard, un esthétisme maniéré (que l'interprétation de Bogarde rend insupportable à bien des égards), prouve une fois encore que s'abandonner c'est se trahir. Mort à Venise n'est que l'écume somptueuse de l'œuvre.

(Claude Michel Cluny. Dossiers du cinéma)

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