1969 : The damned (Les damnés)


Avant la nuit des longs couteaux, les SA s'amusent à fusiller des effigies en bois de leurs ennemis politiques.

Ce recueil de textes est extrait du Dossier de presse de la filmographie viscontienne, paru dans la revue Cinéma 76, numéro 211.

"    Vous me reprochez d'avaliser une interprétation du nazisme comme perversion sexuelle, ce qui serait historiquement peu crédible ou, du moins, tendancieux et simplificateur? Le nazisme était totalement négatif mais pour faire un film sur le nazisme, il faut prendre un petit fragment, et j'ai pris une famille, dans cette famille j'ai voulu déchainer les instincts les plus bas, les moins nobles, et c'est un exemple, le nazisme n'est pas là en entier: le nazisme a eu également d'autres aspects, mais je les ai laissés de côté."

Luchino Visconti


    L'art (raffiné et affiné) atteint dans les Damnés les plus hauts sommets: dans la première partie et, spécialement, dans l'incomparable final, ce mariage de deux morts-vivants: le nouveau riche Friedrich et Sofia Essenbeck désormais folle. Et précisément, comme dans Mort à Venise, les Damnés de Visconti nous proposent à nouveau une "assimilation de l'art avec la maladie": deux formes communes de la décadence.
 

(Guido Aristarco. Cinéma 70, numéro 116)


    Une fois de plus après Senso et Le Guépard, le descendant des ducs de Milan décrit un monde qui est le sien avec une amère et impitoyable lucidité, mais aussi avec une fascination dont il ne peut se défaire. 


(Marcel Martin. Cinéma 70, numéro 146)


    Explorateur des profondeurs, Visconti utilise la caméra comme un instrument capable de tester le monde des apparences qu'il interroge inlassablement jusqu'à ce que d'imperceptibles fissures révêlent cet envers du monde visible, cette réalité dissimulée derrière la frange conventionnelle des manières, gestes, attitudes communément répandus. Si les Damnés est une oeuvre capitale sur l'avènement du nazisme, ce n'est donc pas seulement par la pénétration de l'analyse marxiste d'une situation historique précise mais par l'exploration simultanée de cette réalité seconde en puissance derrière le réel, le rongeant souterrainement dans un ultime déferlement.
 

(Jean-claude Guiguet. Le Saison 1970)


    Rien n'est gratuit dans les Damnés, tout repose sur une recherche minutieuse des données historiques et la reconstitution d'un climat. On peut donc parler de réalisme. Et aussi de lyrisme, bien sûr, dans la mesure où l'art de Visconti confère au film une puissance rarement atteinte au cinéma...
... Création d'une atmosphère épaisse et lourde de drame par d'amples et lents mouvements d'appareil, par une direction d'acteurs sans faiblesse, par la richesse des décors et l'utilisation de la couleur, c'est là que réside tout l'art de Visconti.
 

(André Cornand. La Revue du cinéma, numéro 237)"

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