Bellissima, 1951

Par Freddy Buache


A droite, Maddalena (Anna Magnani), infirmière, fait la tournée quotidienne de ses malades.

Ce texte est extrait de l'ouvrage "Le cinéma italien (1945-1979)" par Freddy Buache, disponible dans son édition la plus récente aux éditions de L'âge d'homme.

" Le personnage que lui propose le scénario de Zavattini, une mère bourgeoise, Visconti avec la collaboration de Rosi, le transforme en femme du peuple, ce qui lui permet d'opposer deux milieux: le monde ouvrier et l'univers fallacieux des usines à rèves. Comme d'innombrables autres, cette mère, alertée par un appel du metteur en scène Blasetti, souhaite que sa fille, âgée de six ans, obtienne un rôle dans un film. Pour elle, ce serait une revanche sur la vie puisque la gloire et l'argent que rapporterait l'enfant vedette transformeraient sa propre condition. Elle ne recule, par conséquent, devant rien pour tenter de faire engager son rejeton. Beaucoup plus riche que ne peuvent le laisser supposer les sketches d'apparence populiste offerts par Zavattini, le récit, par la grâce de la mise en scène, développe une sorte de méditation plus profonde que la simple critique sociale au sujet des métamorphoses que l'art peut accomplir, faisant jaillir la beauté du grotesque ou de la trivialité, le sublime du quasi-ridicule (thème proche déjà de La Mort à Venise) et que la séquence d'ouverture explicite superbement: des chanteuses au physique ingrat font d'un air de Donizetti une mélodie merveilleuse. Anna Magnani, de son côté, accomplit un miracle du même ordre qu'elle répète, en 1953, dans Siamo donne (Nous les femmes) au cours du sketch que signe Visconti. (Les autres, à partir du scénario de Zavattini, sont réalisés par Alfredo Guarini, Giani Franciolini, Roberto Rossellini, Luigi Zampa.) "

Pour retourner au menu Textes et critiques concernant le film "Bellissima".

Pour retourner au menu Luchino Visconti.