Visconti
Le sens et l'image
De Youssef Ishagpour


Illustration de la couverture : A Neuschwanstein, Louis II (Helmut Berger)  refuse de recevoir sa cousine Elisabeth, dans le film"Ludwig".

1984
243 Pages, dont 16 pages de photos noir et blanc
Actuellement disponible aux Éditions de la différence, collection Essais

Présentation de l'ouvrage et de l'auteur (quatrième de couverture) :

"    Visconti et Rossellini ont été les deux grandes révélations cinématographiques de l'après-guerre en Europe. La déflagration mondiale avait brisé l'unité du spectacle et du réalisme coexistant chez Renoir et dans le cinéma classique. Sous le vocable de "réalisme", il y eut deux chemins différents: l'acte de filmer, la pureté du cinéma pour Rossellini, et son impureté foncière pour Visconti, le cinéma comme synthèse des arts - peinture, musique, littérature, théâtre, opéra.
    Les arts traditionnels, tout ce que le cinéma et l'univers industriel avaient détruits, Visconti aspirait les faire revivre grâce au cinéma: l'espérance d'une unité de l'ancien et du nouveau, le désir de voir se réactualiser, grâce au peuple, la tradition culturelle humaniste des maîtres d'autrefois - dans le sens historique et esthétique du terme. "L'Italie qui demeure dans l'Italie qui change".
    L'histoire réelle, la modernisation rapide de l'Italie, a transformé cette espérance en une volonté de réconciliation qui se brise : une dialectique du progressisme et de la décadence. Le cinéma de Visconti est devenu la mémoire d'un certain passé perdu de l'Europe: un moyen d'évocation, d'adieu, de long retard sur ce qui est invoqué une dernière fois mais comme pour venir mourir. Un cinéma de temporalité, de remémoration où le sentiment de fin du monde - comme d'une famille qui se déchire, ou de l'individualité qui se déchire pour retrouver sa vérité - est vécu dans le désir et la passion.
    Cet essai relie l'analyse thématique, celle des matériaux et des formes, à la dimension esthético-philosophique et historique. Il propose une synthèse interrogative de ce que Luchino Visconti appelait son "œuvre personnelle".

    Youssef Ishaghpour, cinéaste et essayiste, de formation philosophique et ancien de Vaugirard et de l'Idhec, a collaboré à plusieurs revues : Traverses. Les Temps Modernes, Positif, Les Cahiers du cinéma, etc. Il y publia notamment, D'une image l'autre, la nouvelle modernité au cinéma (Duras, Godard, Resnais. Straub, Syberberg, Wenders...), Méditations, Denoël. Il prépare Une caméra visible : le cinéma d 'Orson Welles."

    Cet ouvrage est un essai sur l'œuvre cinématographique de Visconti, vu sous un angle très théorique. On note le recours assez fréquent à des structures de phrases alambiquées et à un vocabulaire assez rude pour les non-initiés. Le plan de l'ouvrage semble parfois confus.
    Tout cela ne permet pas une lecture facile de raisonnements parfois assez troubles. Malgré tout, l'ouvrage a le mérite d'aborder en un même essai de nombreux thèmes des films de Visconti, et de les faire se recouper entre eux. En plus, l'auteur connaît très bien les films.
    Le livre défend l'idée très répandue qui veut que le début et la fin de l'œuvre cinématographique de Visconti soit en contradiction. Il s'oppose en cela à des gens comme Freddy Buache ou Alain Sanzio. Au début, les films refléteraient la foi de Visconti en des idées humanistes (La terre tremble), et à la fin, ils refléteraient des êtres vidés de substances, "se regardant mourir" comme dira Antonioni, dont Tullio, le nihiliste de L'innocent, serait l'incarnation la plus frappante. 
    Ce livre contient aussi des passages incontournables (le chapitre La réalité de l'art et l'art de la réalité : opéra, roman, des passages sur les confrontations des époques). Ishagpour fait ainsi preuve dans certains textes d'une très grande finesse dans ses analyses (Sandra, La terre tremble...). Mais pour certains films, il se se contente de vues un peu superficielles (Les damnés, Rocco et ses frères...).
    En tout cas, le lecteur doit être prévenu que la lecture de cet ouvrage exige une très bonne connaissance de l'œuvre de Visconti, et une patience certaine pour les ouvrages théoriques touffus.

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